J’aimerais traiter du mot alliance ce matin. Nous allons découvrir la richesse de ce mot et la signification en nous penchant sur le vécu entre deux hommes David et Jonathan dans un moment de crise. Nous vivons dans une société qui n’a pas le concept de l’alliance. Nous faisons des contrats de travail, des contrats d’union comme le Pacs. Dans l’église aussi, la plupart des chrétiens ne comprennent pas l’alliance. La seule forme d’alliance que nous avons est l’alliance du mariage. Bien battu en brèche dans la société et malmené dans l’église, le sérieux de l’alliance n’est pas compris. Et nous en perdons toute la richesse. Dieu a cherché dès le départ à créer une alliance avec l’homme. Le mot alliance en hébreux est Bérith (en grec diathhèkè). Qu’est-ce qu’une alliance bibliquement parlant ?
Par définition, l’alliance divine est une déclaration souveraine de Dieu par laquelle il engage sa responsabilité. Autrement dit, l’alliance est établie en vue de régler les relations entre Dieu et ses créatures. En effet, la Bible nous révèle qu’il a plu à Dieu de conclure des alliances avec les hommes. Nous découvrons dans la bible huit alliances depuis le récit de la création mais nous n’allons pas prendre du temps pour les citer. Chacune de ces alliances représente un plan divin. Au moins quatre d’entre elles concernent le peuple d’Israël : l’alliance d’Abraham, de Moïse avec la loi, de la terre d’Israël et l’alliance davidique. C’est pour cela que Paul rappelle dans Romains 9.4 que les israélites ont reçu l’héritage de l’adoption, de la gloire, de la loi, du culte, des promesses et des alliances.
J’entends certains penser et se dire : ET nous les non juifs, que reste t’il ? La dernière alliance nous concerne puisqu’elle est faite au travers du sang de Jésus. Nous avons tous été intégrés dans cette dernière alliance. Recevoir une alliance est une bénédiction mais aussi une responsabilité. Une des belles images de l’alliance nous est donné dans le texte de 1 Samuel 18.1-5 entre deux hommes David et Jonathan. Jonathan est le fils du Roi déchu de la grâce Saül. David va devenir le futur roi d’Israël préparé par Dieu.
1. L’alliance coûte un prix. Pour aller vers la conclusion d’une alliance, il faut en évaluer le coût. L’alliance est quelque chose de sérieux. On voit bien la difficulté de certains de s’engager dans la voie du mariage dans ce monde. On préfère « vivre à la colle ». C’est un engagement total. Quand Jonathan contracte cette alliance avec David, cela pouvait lui coûter la vie. Il savait la haine et la jalousie que portait Saül envers David. Quand on lit l’histoire de la vie de Jonathan, nous voyons qu’il a donné sa vie pour que David puisse entrer dans sa destinée. Jonathan considérait que la joie et les bénéfices de cette alliance dépasseraient le coût à payer. Jésus a fait alliance avec nous. Il a également évalué le prix. Hébreux 12. 2 nous dit que Jésus en vue de la joie réservée après la victoire, il a accepté de souffrir la croix et méprisé les moqueries pour notre salut. David et Jonathan avaient pris un engagement sérieux dans cette alliance. Ils savaient les conséquences de cet engagement. Leurs âmes étaient liées ensemble et ils étaient prêts à en supporter les conséquences. Jonathan aimait David comme son âme. Ce n’était pas un amour homosexuel mais un véritable amour fraternel.
2. L’alliance est un échange. Il y a eu un acte étonnant entre eux deux. Ils se sont échangés leurs vêtements et leurs armes. Jonathan a ôté l’habit de prince et l’a donné à David. David a ôté son habit de berger pour le remettre à Jonathan. Le vêtement représente l’identité d’une personne. David était berger avec un vêtement fait de poils d’animaux et de tissu. Il était certainement taché, déchiré, élimé car David dormait dehors et vivait dans la forêt. Les gens reconnaissaient David par son vêtement. C’était le berger de Bethléem, un homme de peu d’importance. Ces vêtements sentaient la sueur du travailleur, d’une personne qui ne s’était pas lavé depuis un moment occupé à garder les troupeaux. Jonathan portait un habit royal avec de belles broderies. Le tissu était très raffiné. Ses habits sentaient le frais et le parfum. Ils étaient bien repassés du jour même. Jonathan était un noble vivant à la cour du roi Saül. Son vêtement le faisait reconnaitre par les gens de la cour et les soldats. David et Jonathan ont fait alliance : ils ont échangé leurs vêtements. Quand les armées ont vu arriver Jonathan et David, elles ont dû être surprises. David porte le costume de prince et Jonathan celui de berger alors qu’il est le Prince. Quand on fait alliance avec une personne, il y a un partage de notre identité, de ce que nous sommes. Je pense comme lui, je ressens les mêmes choses que lui, je fais aussi les choses comme lui peut les faire. Jésus a échangé ces vêtements avec nous. Il a pris nos péchés sur lui pour que nous puissions revêtir sa robe de justice. Il s’est revêtu de notre chair mortelle pour que nous puissions revêtir sa robe de Gloire.
3. L’échange des ceintures. La ceinture est le symbole de la force. David a perdu sa ceinture de berger qui était bien usée et il a reçu la ceinture de Jonathan, une ceinture de guerrier, une ceinture qui brillait. Jonathan a accepté de porter cette ceinture calamiteuse. Elle devait ne plus être très solide. Quel le sens de cet échange ? Certainement ils se sont dits : « Ma force est maintenant sera ta Force. Lorsque tu seras faible, je serais là pour toi, pour te soutenir ». Dans le livre de Philippiens 2 .7-8, il est dit que Jésus a pris nos faiblesses et s’est dépouillé lui-même prenant une forme de serviteur pour que nous puissions revêtir sa force. Paul parle dans l’épître des Ephésiens 6.14 des armes de l’Esprit. Il cite la ceinture de la vérité. La vérité est une force et une ceinture. Jésus me donne cette ceinture étincelante qui éblouit les ennemis, une ceinture de force qui brille par la connaissance et la pratique de la vérité de sa parole.
4. L’échange des armes. Jonathan donne à David, futur commandant en chef de l’armée d’Israël, son épée de prince. En échange, il reçoit la fronde d’un berger. Cet échange d’armes représente une qualification nouvelle de compétences pour David : un échange de pouvoir. Jonathan se dépouille de son autorité pour équiper David. Il accepte de devenir le second et non le premier. C’est aussi dire : « les ennemis que tu combattais avec ton arme sont aussi mes ennemis ! » On est au cœur de l’alliance. Ton ennemi est mon ennemi ! Mon ennemi est ton ennemi ! Je fais corps avec toi dans ce combat et tu ne combats plus seul. Jonathan avait accepté d’être aux côtés de David et s’opposait à son propre père. Il devenait un ennemi des siens, de ceux qui habitaient la maison de son père car il soutenait David, le futur roi promis. La relation conflictuelle qui s’installe entre David le futur roi et Saül, le roi en place, vous pouvez la découvrir dans la suite du passage du livre de Samuel que nous avons lu. David sera considéré comme un traite, un ennemi par ce roi Saül qui a perdu son onction de roi. Quand on est à Christ, nos ennemis deviennent ces ennemis. C’est lui qui combat pour nous. Nous n’avons plus à les combattre et nous venger par nos propres forces. Nous perdons toutes velléités contre eux. Car notre Seigneur va nous défendre. Par contre, les ennemis de Dieu sont devenus maintenant nos ennemis. Satan nous laissait apparemment tranquille et il se dresse maintenant contre nous. L’alliance nous conduit inévitablement dans le champ de bataille.
5. L’alliance est faite dans le sang. On utilise dans l’antiquité et l’ancien testament pour décrire l’alliance, cette expression : elle est « coupée » dans le sang. On ne contracte pas une alliance mais on « coupe une alliance ». Aussi étrange que cela paraisse toute alliance se faisait dans le sang. Dans Genèse 15 .17-18, Abraham reçut l’ordre de couper les animaux en deux. Dans la nuit, une fournaise fumante passa sur ces animaux coupés. L’Eternel « coupa »une alliance avec Abraham. Certainement ils ont du couper une bête en deux et se sont mis au milieu. Pour compléter cette cérémonie d’alliance, David et Jonathan ont pris un couteau et se sont coupés la paume de la main. Ils ont frotté cette coupure avec de la cendre pour la cicatriser. Cette coupure allait laisser une trace dans leurs chairs. Dans les temps anciens, on se saluait la paume droite levée pour que l’autre voie la trace de la cicatrice. Ainsi ils montraient que cette alliance existait entre deux personnes. Si un ennemi se pointait, c’était aussi montrer à cette personne qu’une personne avec laquelle nous avons fait alliance va nous défendre. Jésus a conservé ces marques de l’alliance dans ses mains et sur son côté. Thomas appelé Didyme était incrédule (Jean 20.25). Il envoie un défi aux autres disciples car il doutait de leurs témoignages. « Si je ne vois pas la marque de ces clous dans ses mains, si je ne mets pas le doigt sur ces marques dans les mains et sur le côté alors je refuse de croire à cet imposteur ». Thomas a pu constater et il a cru avec ces preuves. Il est étonnant de constater que les autres cicatrices ont disparu comme celles dû à la couronne d’épines posée sur sa tête et celles dû aux coups de fouet déchirant sa chair. Seules demeurent les cicatrices venant des clous de la croix et de l’épée traversant son corps. Alors qu’il siège sur le trône de Gloire, ces marques servent de rappels éternels de son engagement dans l’alliance. Dans Esaie 49.15-16, Dieu nous assure qu’il ne pourra nous oublier car il nous a gravé dans les paumes de ses mains. Le signe de notre alliance implique aussi une coupure dans notre vie. Nous choisissons de « crucifier notre chair », de renoncer au péché pour marcher dans une vie de sainteté.
6. Tout a été accompli par la nouvelle alliance en son sang offert. L’alliance est accomplie en lui. C’est lui le sacrifice de l’alliance. Au dernier repas, Jésus a pris du pain et l’a partagé aux disciples en disant : « Ceci est mon corps ». Il a pris la coupe et il a dit : Cette coupe représente la nouvelle alliance en mon sang qui est répandu pour vous (Jean 22 .20). Il confirmait l’alliance. En partageant ce pain et ce vin à son partenaire, il est en train de dire : « je me donne à toi ». Le mariage est une alliance. Mais la plus grande alliance est celle que Dieu a faite avec nous au travers du sang de Jésus. Quelle compréhension avons-nous de cette alliance ? Quelle sérieux avons-nous dans notre vie pour respecter cette alliance par notre attachement à Dieu, notre engagement, notre service dans le témoignage et dans l’église ? C’est la compréhension de la valeur de cette alliance qui nous gardera dans la tentation. Par notre conversion et notre nouvelle naissance, nous sommes entrés dans cette alliance qui nous garantit le salut éternel par la foi. Dans l’Apocalypse 6.6, Dieu donne cet ordre à l’ange destructeur au moment du jugement de ne pas toucher à l’huile et au vin. Ce sont ceux qui ont fait alliance avec lui. L’huile est le sceau du Saint-Esprit sur une personne et le vin c’est la marque.
Christian Servettaz